Toulouse, Pyrénées, Petit Train Jaune – Septembre 2021

En montant dans le wagon, j’ai l’impression d’être soudain devenue la protagoniste d’un film de Wes Anderson…
A bord du Petit Train Jaune

Toulouse, au petit matin
De mon premier voyage en train de nuit, je rate même l’arrivée. J’avais rêvé la découverte d’une ville inconnue aux premières lueurs de l’aube mais il fait nuit noire quand je sors de la gare.
Je n’ai que rarement eu l’occasion de déambuler dans une ville à six heures du matin. Les rues sont désertes et certaines, mais peut-être n’est-ce qu’une impression, dégagent la même odeur âcre et tiède qu’une boîte de nuit au petit matin. Nous sommes pourtant un mercredi. Je croise :
- Des agents de la ville qui purgent les trottoirs au karcher ;
- Un SDF dissimulé sous des couvertures dont la présence n’est trahie que par les ronflements sonores qui s’en échappent ;
- Des voyageurs à contresens qui tous se dirigent vers la gare d’un pas décidé.
Les escalators du Primark sont déjà en marche alors que le magasin n’ouvre que quatre heures plus tard. Plus loin il y a des odeurs de viennoiseries chaudes, mais pas encore de café ouvert.
Je traque les briques à la lumière des réverbères – c’est bête mais c’est ce que j’attends de Toulouse. J’arrive à 6h30 sur la place du Capitole. C’est beau.

Je m’assois sur les quais de la Garonne à un endroit qui s’appelle la Daurade et qui compte une drôle de Basilique ainsi qu’un café appelé « Les Pêcheurs de sable » (j’apprends plus tard qu’il s’agissait d’un vrai métier consistant à ramasser le sable dans le lit de la Garonne afin qu’il serve ensuite dans la construction des bâtiments).
La grande roue, de l’autre côté du fleuve, me fait de l’oeil.

Villefranche-de-Conflent

A Villefranche-de-Conflent, il y a un café qui s’appelle « Le Canigou », référence au massif montagneux qui le surplombe.
Au « Canigou », je tends l’oreille pour glaner quelques bribes de catalan, je mange un sandwich frotté à l’huile d’olive et aux tranches jambon aussi larges que les tranches de fromage, je prends l’ombre puis le soleil sous l’immense platane qui a poussé là.
Le patron est pompier, il y a un chat qui se promène dans le café et vers 16h, le poste de radio diffuse « Flowers of Scotland » à la cornemuse…
A bord du Petit Train Jaune
En montant dans le wagon, j’ai l’impression d’être soudain devenue la protagoniste d’un film de Wes Anderson. Tout est adorable : les sièges en cuir rebondis, les petits porte-bagages métalliques au-dessus des banquettes, les rideaux moutarde.
Le train enjambe des routes et des rivières, crève des montagnes en plein coeur.

Il prend son temps, émettant un bruit profond, comme une voiture dont on aurait poussé le moteur à fond juste avant de passer la vitesse. Mais vrombissant, cliquetant, le petit train jaune ne dépasse jamais les 30km/h.
Régulièrement, un « tchou tchou » d’un autre âge vient rompre la monotonie de ce vacarme auquel on s’est déjà accoutumé. Lorsque l’on dépasse une petite gare ou quand on arrive à la hauteur d’un jardin où une famille est attablée, les gens nous adressent des coucou.

Tour à tour lointaines et proches, les Pyrénées font lentement leur show, se dévoilant au fil des rails. L’air fraîchit encore davantage alors que nous approchons de midi : c’est que nous gagnons en altitude. Je mets ma polaire et mon écharpe, puis mon ciré.

A l’arrivée à Latour de Carol, je découvre sur le quai deux panneaux : à droite « Sortie » et à gauche… « Espagne ». La gare de ce petit village frontalier bat tous les records : elle possède le plus long quai couvert d’Europe et compte pas moins de trois systèmes métriques pour ses rails (français, espagnol et celui du petit train jaune).
Tout autour : les montagnes.
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